Des ateliers citoyens pour construire ensemble la société numérique de demain
Le 24 octobre dernier, le Collectif AlterNumeris organisait, dans le cadre de l’édition namuroise du salon Hope, des ateliers citoyens participatifs au départ de la question « Quelle société numérique pour un monde meilleur? » Une opportunité d’ouvrir le débat et la parole autour des horizons numériques souhaitables pour le futur et des chemins pour y parvenir. Les discussions furent riches, nourries et argumentées avec, pour cadrer et alimenter le débat, les apports des membres du Collectif.
Un premier thème – mettant au cœur des échanges les horizons numériques souhaitables pour le futur – a fait émerger une série de directions jugées indispensables par les participants. Les priorités suivantes ont été avancées :
- Un numérique porteur de sens et répondant à de véritables besoins
- Un numérique sobre sur le plan de la consommation des données et de l’énergie
- Un numérique maitrisable, non-subi et non-addictif
- Un numérique pertinent et efficient sur le plan des usages
- Un numérique maintenu dans certaines limites
- Un numérique accessible et inclusif
- Un numérique contribuant aux relations humaines et à l’ouverture vers autrui (n’enfermant pas dans une bulle digitale)
- Un numérique plus démocratique dans ses orientations et respectueux de la vie privée
- Un numérique facilitateur ne plongeant pas ses utilisateurs dans l’assistanat ou la dépendance technologique
A partir des horizons identifiés, les citoyens présents se sont penchés sur un second thème de discussions visant à dégager les chemins à emprunter pour atteindre ces futurs souhaitables. Des propositions concrètes portant sur des échelles d’action différentes ont été formulées pour le développement d’un numérique durable, maitrisable et accessible :
- Informer et sensibiliser à l’impact énergétique des pratiques/produits numériques (ex : labéliser les produits numériques et leur empreinte énergétique, budget CO2 numérique, utilisation de nudges pour favoriser une consommation responsable, …) ;
- Interdire la publicité invasive ;
- Disposer, dans le cadre des programmes d’investissement ou d’achat publics, de cahiers de charge précis destinés à favoriser le développement de technologies numériques maitrisables et durables ;
- Disposer, au niveau public, d’une stratégie d’investissement pensée sur le temps long tout en permettant une évaluation continue des choix posés et des chemins empruntés. L’enjeu est de penser global quant à l’impact des projets menés, tout en permettant un débat continu sur la pertinente des orientations adoptées ;
- Déployer une véritable éducation au numérique qui ne se limite pas à l’utilisation d’outils (conscience des limites et des enjeux, apprentissage du code en tant que langage universel, sensibilisation aux alternatives open-sources, etc.) ;
- Mettre en place des comités éthiques dans le développement des projets numériques au sein des entreprises en leur accordant des modalités de vétos ;
- Elaborer des politiques de prévention spécifiques à destination de publics spécifiques dans le cadre de certains usages spécifiques (jeux en ligne, paris d’argent, etc.).
Au-delà de ces horizons et de ces chemins numériques, ces ateliers participatifs ont permis aux citoyens présents – quel que soit leur âge, statut ou parcours professionnel – de saisir la dimension politique de la thématique et de se défaire d’un a priori souvent répondu selon lequel le numérique est affaire d’ingénieurs et de techniciens. Nul doute que dans sa conception et son implémentation, une politique du numérique doit pouvoir capter la diversité des enjeux soulevés, des ambitions affichées et la complexité de leur articulation.